23 février 2017

La boule de Fort

Le Jeu

Le jeu. Autrefois, les jeux, en forme de gouttière, mesuraient jusqu’à 30 m de long pour une largeur de 7-8 m et étaient recouverts de terre tamisée et battue qui provenait de Guédéniau dans le Baugeois. Mais ces terrains situés en plein air demandaient beaucoup d’entretien et se dégradaient rapidement. C’est pourquoi la majorité des jeux sont aujourd’hui couverts et fabriqués en matières synthétiques. Afin de ne pas abîmer le terrain, le port des pantoufles ou savates est de coutume.

Les règles. Le principe est de placer les boules le plus près possible du maître. On ne doit pas jeter les boules, mais les faire rouler. Le rouleur, accroupi, dépose délicatement sa boule et lui imprime une poussée de façon à ce qu’elle atteigne le maître. Suivant la piste, elle peut parfois mettre 50 secondes avant d’atteindre son but. Le tireur, bien campé sur ses jambes lance sa boule, mais ne la jette pas. La boules est avant chaque départ frottée avec un chiffon afin d’éviter toute poussière qui pourrait la faire dévier de sa course. A la fin de la partie, le joueur nettoie sa boule à l’aide d’un appareil appelé poli-boules ou dérouille-boules. Le jeu se joue par équipe, chaque joueur ayant deux boules. Les points sont inscrits sur un compte-points, semblable à deux horloges. En cas de doute, pour l’attribution des points, le joueur a recours à des tiges métalliques de différentes tailles, appelées bauges, qui permettent de mesurer la distance entre les boules et le maître. Autrefois, les femmes étaient interdites de jouer, mais ces dernières années leur ont ouvert la porte. A la fin de la partie, la coutume veut que le gagnant paie un verre et si le perdant n’a marqué aucun point, il doit aller « biser le culs de la Fanny », représentation d’une femme montrant ses fesses. Elle peut être représentée en photo, en peinture ou en sculpture.

La Boule

La boule est composée de deux parties de bois de cormier chevillées entre elles et cerclées de fer. Méplate, elle est composée d’un côté faible légèrement évidé en son centre et donc plus léger que son autre côté, le côté fort (d’où le nom du jeu), souvent chargé d’une petite masse de plomb ou d’une vis incrustée dans le bois. Ces particularités en font une boule en équilibre instable. Elle mesure environ 12,5 à 13 cm de diamètres pour 10 cm d’épaisseur. Son poids environne 1,3 kg. Les boules sont aujourd’hui souvent fabriquées en plastique ou résine. Le maître (l’équivalent du cochonnet à la pétanque) pèse 300 g.

Abécédaire

 

Bauge : tiges de métal de différentes tailles permettant de mesurer la distance entre le maître et les boules en cas de doute lors de l’attribution des points.

Bauger : mesurer la distance entre le maître et deux ou plusieurs boules.

Camper : se placer pour jouer, non pas vers le centre de la piste, mais vers la gauche ou la droite.

Cormier : bois très dur qui était utilisé pour la fabrication des boules de fort.

Couvreur : joueur qui joue le premier dans son équipe. Syn. : rouleur, devancier.

Dérouille-boule : appareil permettant d’enlever les traces de rouille afin de garder ses boules toujours brillantes. Syn. Poli-boules.

Faire un bouc : à la boule de fort, faire coller sa boule contre le maître. Syn. : Arriver mort au maître, faire bibi gouline, faire un collant.

Fanny : (de l’anglais « fanny », « cul, fesses ». A la fin d’une partie, si les perdants n’ont pas marqué de points, ils se doivent de respecter la coutume qui consiste à « biser le cul de Fanny », représentation coquine d’une femme dévoilant ses fesses. Vue d’un mauvais œil par le clergé, Fanny a été cachée derrière un rideau. Elle était la seule femme autorisée au jeu de boule. On dit aussi « aller à Brion ».

Fort : côté le plus bombé et le plus lourd d’une boule de fort.

Fort en dedans : façon de tenir sa boule, le fort étant vers l’intérieur du jeu. Syn. : Fort bas.

Fort en dehors : façon de tenir sa boule, le fort étant vers l’extérieur du jeu. Syn. : Fort haut.

Maître : boule qu’on lance ou qu’on place le premier pour servir de but. (équivalent du cochonnet à la pétanque).

Malonner : (patois angevin) à la boule de fort, osciller en parlant de la boule arrivant en fin de course.

Rimiaux : poème ou conte rimé en parler angevin.

Rouleur : à la boule de fort, joueur qui joue le premier dans son équipe. Syn. : couvreur, devancier

Tireur : celui qui tire, c’est-à-dire qui lance sa boule en direction de celle de l’adversaire afin de la chasser.